Réhabiliter Novembre

 

 

                                                                             Réhabiliter Novembre

Parmi tous les mois du calendrier, Novembre est sans contredit le mal-aimé. Davantage cette année où la pandémie rend encore plus sombre ce qui était déjà naturellement sombre. Mais avouons qu’il nous a offert récemment une période de température splendide, il a distribué une luminosité inattendue qui a réjoui et nos yeux et nos cœurs. Un matin, pendant que l’on me dispensait un soin médical, je m’exclamai sur la magnificence des teintes mouvantes du coucher de soleil observé la veille. Me voyant si pâmée, voilà que ma soignante renchérit en me racontant que, le matin même, autour de cinq heures, elle et sa petite famille en ont fait autant au point que l’aîné de cinq ans demanda qu’on lui place une chaise devant la porte-fenêtre donnant sur le fleuve. Il s’y assit, bouche bée, fasciné par le spectacle. Bientôt sa sœur et son petit frère vinrent à ses côtés et voilà le trio sous le charme. Ces petits touchaient directement à la Beauté du monde. La jeune maman s’empressa de prendre des photos du majestueux soleil levant et les expédia illico à sa parenté lointaine.

            Les enfants sont nos maîtres : d’instinct ils détectent ce qui scintille et brille et resplendit, gratuitement offert aux humains que nous sommes, trop portés à passer outre à cette Beauté du monde qui nous enveloppe en permanence.

Je me fais des accroires ou, véritablement, la pandémie a aussi engendré une recrudescence de manifestations de cette Beauté du monde sur le plan musical ? Pour mes vieilles oreilles si facilement incommodées par les cris et les bruits qui prédominent en ce jeune siècle que, secrètement, je qualifie d’exubérant, d’excessif, dont je soupçonne le parti pris pour le PARAÎTRE au détriment de l’ÊTRE, elles ne s’attendaient certes pas au bonheur de s’étendre et se reposer sur une plage sonore sublime, apaisante, détentrice d’enchantement auditif sans pareil. Cela eut lieu un certain dimanche soir où le hasard voulut que j’ouvre mon téléviseur à Radio-Canada. S’y déroulait une sorte de gala auquel je ne m’arrête pas habituellement. Il était animé par Louis-José Houde, irrésistible humoriste qui, peu à peu, dévoile une profondeur de pensée couvant en lui derrière ses mots d’esprit, ses pitreries toujours pertinentes si on sait les décoder. Les chansons étaient mélodieuses, les chorégraphies sobres, appuyées par des arrangements musicaux riches, denses. Il y avait une grande variété d’interprètes, parmi eux, des autochtones que je découvrais, d’autres nationalités aussi, le tout suscitant une plénitude de joie tranquille, ouverte à la différence. Cette soirée fut à elle seule une confirmation de l’abondance de la Beauté du monde à notre portée, pour peu qu’on se calme suffisamment pour la cueillir.

Qui sait si la pandémie ne fera pas de nous un peuple plus pondéré et mature, ne nous insufflera pas un sentiment de gratitude accru pour la paix et l’abondance de notre beau pays…

 

 

   SOPH

 

 

 

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