La vie rétrécie…
La pandémie qui achève, du moins en ses plus contraignantes retombées, a, pendant deux longues années, rétréci la vie de chacun de nous, âges et situations confondus. Nous avons dû effacer au tableau de notre quotidien un grand nombre de petites choses simples et douces qui, sacrifiées jour après jour, se sont transformées en de grosses pertes : rencontres, conversations, sorties, contacts humains, divertissements propices à une évasion bienfaisante, et tant de choses encore ! On pourrait allonger la liste à l’infini.
Le temps semble venu de mettre fin à l’isolement et accueillir, non pas la vaste ouverture au monde qui était notre lot, mais l’adhésion à une quotidienneté plus modeste, jalonnée de limitations acquises et assumées dont la continuation s’avère indispensable à notre sécurité. Rien ne sera plus comme avant, à chacun de recréer sa bulle de confort affectif et spirituel, reprendre ses activités porteuses de partage et d’épanouissement inhérents à un « vivre ensemble » harmonieux.
L’exaspération n’a pas d’âge, le désir de liberté non plus.
Lu récemment sur une chaîne d’informations continues :
« Des aînés se disent infantilisés par le gouvernement pendant la pandémie et réclament une allocation financière. »
Cette affirmation anonyme me laisse perplexe. Certains de mes articles pourfendent l’infantilisation exercée auprès des vieux.* Nos responsables semblent parfois nous confondre avec leurs enfants. Que vient faire le gouvernement là-dedans ? Les décisions viennent de haut, d’accord. Mais a-t-on idée de l’immense éventail d’interprétations à la disposition de ceux qui les appliquent sur le terrain ? Pourquoi cette infantilisation déboucherait-elle sur une allocation financière ? Elle bénéficierait à qui ? Les résidents de RPA et de CHSLD ou leurs propriétaires ?
Hélas, la pandémie n’a corrigé en rien la foi profonde de certains en l’argent solution-miracle à tout et pour tout.
« Croire en l’économie à tout prix nous dispense de sentiments autres que ceux liés à la mathématique du rendement et des résultats. La foi fait dans les deux sens, elle embellit ou elle enlaidit, selon la fin de la croyance. »*
Cette phrase du regretté Serge Bouchard, sage penseur québécois comme il ne s’en fait plus, est un sujet de réflexion tellement plus éclairant que tous les « raisonnements de barreaux de chaise » que l’on nous sert de toutes parts…
À suivre…
Michelle Anctil
* « Infantiliser les vieux : un incontournable automatisme ? » (3 décembre 2020)
* C’était au temps des mammouths laineux Boréal compact (page 179)
Concernant cette affirmation dont il est question, cela aura au moins eu pour effet qu’on en discute et que l’on s’en souciera un peu plus dorénavant en toute conscience et certains le rappelleront aux personnes concernées. Concernant l’argent, à mon avis, de toute façon ça sort toujours de nos poches dès le moment qu’on en a un peu plus, donc ça ne règle rien.
Je me réjouis que le dernier budget accorde 500$ à tous, non en particulier à nous les aînés. Quoi qu’on pense de ce « cadeau », toute personne qui croit ne pas en avoir besoin peut en faire don à une famille qui peine à joindre les deux bouts. Au moins ce qui « sort de nos poches » atténuera des lacunes réelles, même s’il est vrai que cela ne règle rien fondamentalement. L’argent est une merveilleuse chose, ce qui est désolant est de penser qu’il peut suppléer à tout. La pauvreté des humains n’est pas que matérielle, elle touche avant tout les esprits et les âmes. En fait, où en sommes-nous en de domaine en tant que société actuelle?
Michelle Anctil