Prudence et cohérence dans le choix des mots

                                Prudence et cohérence dans le choix des mots.

 

Quel brassage lors de la journée « vérité et réconciliation » des autochtones ! Le premier ministre ne sait plus comment justifier son refus d’apposer sur le Québec l’étiquette de « racisme systémique ». Commentant le rapport de l’enquête sur le décès de Joyce Échaquan, il citait la définition du mot « systémique » lue dans le Petit Robert, soit une généralisation automatique d’actes racistes, tolérés, voire encouragés en haut lieu, résultat d’un système bien établi. J’ai, pour ma part, consulté le Larousse. Si les mots ne sont pas les mêmes, ils ont le même sens : globalité…parties intégrantes d’un ensemble. Un genre de mur à mur quoi !  Notre attitude et cette perception présentent une incohérence criante, ils en font ressortir l’exagération, plus encore la fausseté.

Qui croira au racisme systémique s’il ouvre la télévision et y voit en abondance des gens de couleur, non seulement dans les émissions, mais aussi dans les publicités ? Ou encore nos journaux où quantité d’articles ou chroniques sont signés de noms étrangers ? Dans Le Devoir de fin de semaine, j’en trouvai dix-neuf côtoyant les quarante-et-un autres à résonance québécoise. Ça résulte du racisme systémique, ça ?

         Il y a plusieurs années, en visite chez un couple habitant la Côte-Nord,  j’entendis le petit garçon de sept ou huit ans se moquer des crottés, des foncés, des puants, qu’il regardait dans un coin du petit aéroport local. Ce groupe à part, je le voyais moi-même à chacune de mes visites, mais il suscitait alors très peu ma curiosité. Plusieurs années plus tard, devenu adulte, il vilipendait les mêmes crottés, foncés, puants au motif qu’ils ne payaient aucun impôt ni taxes du seul fait qu’ils étaient amérindiens alors que lui, jeune travailleur débutant sa carrière, déplorait en payer beaucoup trop. Entre-temps j’avais fait l’expérience d’une année d’enseignement dans la réserve d’Obedjiwan. Après une courte hésitation, je ne trouvai que cette réplique à lui donner :

« On leur doit bien ça ! Comment te sentirais-tu, toi, si des étrangers te chassaient de chez-toi, s’appropriaient de ton terrain, ta maison, ta langue, ta spiritualité ? Ils étaient là avant nous, le sais-tu ? « 

         Racisme systémique ? Non. Plutôt ignorance du background de ces nations : la Loi sur les Indiens, les mensonges de l’histoire du Canada apprise à l’école.  Il répétait les commentaires entendus, non seulement dans son milieu, mais partout au Québec. Nos rapports avec les autochtones diffèrent énormément de ceux avec les immigrants venus vivre chez-nous. D’où le danger d’un amalgame qui pourrait s’avérer désastreux. Il y a tellement de points à nuancer, rectifier, mettre à jour !

À suivre…

 

Michelle Anctil