Au bord de la… sursaturation ?

                                                                          Au bord de la… sursaturation ?

 

         Oh oui je le suis ! J’en suis rendue à éteindre le son dès que j’entends : « Ceci est un message du gouvernement du Québec. » Bon. N’allons pas conclure que la vieille dame renie la gestion de la pandémie du dit gouvernement reconnue par tous comme exceptionnelle. Elle en est très fière. Néanmoins, elle est découragée devant les ravages de la 4ième vague. Même si on l’a prévue, la recrudescence du nombre de cas ramène les esprits vers la 1ère  qui nous a tellement marqués par sa tragique épuration de vieux. En dépit de l’adoucissement notable des restrictions, de la joie des retrouvailles, tant que se produiront de nouvelles éclosions, qu’une minorité d’irréductibles refusera la vaccination, l’atmosphère de fond persistera.

         J’éprouve beaucoup de gêne sur un point particulier. Lors de la première vague, une voisine de corridor m’en avait fait la remarque. C’était au temps où nous tous, jeunes et vieux, visionnions religieusement les conférences de presse quotidiennes sur la COVID. « Ma foi, on parle quasiment plus d’argent que de santé ! » me dit-elle un jour sur un ton excédé. Ça ne faisait que commencer. On aurait dit une surenchère entre les deux paliers de gouvernement, c’est à qui serait le plus aidant, le plus généreux. Plus récemment, voilà que l’on a procédé à la façon Loto-Québec. Il est juste et bon de dépanner les travailleurs directement touchés par la pandémie, cela est parfaitement justifié. De là à créer des gros lots en vue de persuader les irréductibles… Ce procédé me rend mal à l’aise. L’argent ne peut tout régler. Il ne peut non plus tout guérir. Attiser chez les individus cette fibre superficielle c’est un peu nier leur âme. Ajoutons à cela la litanie de l’auto congratulation que l’on nous sert à satiété, interminable liste de vertus que nous sommes censés avoir acquises pendant la pandémie. Existe-t-il quelqu’un qui, à l’écouter, se gonfle de fierté, se hisse lui-même au rang de héros ? Cette glorification est-elle utile ? Notre reconnaissance du mérite de ceux et celles qui ont œuvré sur le terrain va de soi, c’est à eux qu’il faut exprimer notre admiration. Une distribution d’éloges at large, n’est-ce pas exagéré ?

         Nous devrons composer avec la COVID désormais, nous dit-on. Aucune personne de mon âge n’a envisagé de vivre son dernier sprint dans une atmosphère aussi tendue. Comment pallier ces effets réducteurs ? Donner la priorité à l’âme. Se connecter à la beauté du monde. Un moyen tout simple pour nous y mener par exemple : un regard sur le magnifique coucher de soleil illustrant ce texte, tableau d’une peintre de talent, Maryse Marceau. Le temps de ce regard, la COVID et sa ronde piassante a pris le bord, la ditebeauté l’a chassée…

         Ça fait tellement de bien !

 Michelle Anctil