Notre PM est un idéaliste
Ça y est : la formation des futurs préposés aux bénéficiaires est engagée. Le nombre mirobolant des inscriptions laisse présager un grand succès. Souhaitons que ce début en grande pompe ne se traduise par le constat que, finalement, il y a loin de la coupe aux lèvres. Il est vrai qu’on rêve grand. Mais, comme dit notre PM, gardons confiance, cultivons l’espoir.
Formation. Mot au contenu déterminant dont on attend une évolution de l’approche actuelle chez tous ceux qui sont impliqués auprès des gens âgés. Cette approche doit changer. De nombreuses réformes se sont succédées dans le domaine de la santé comme dans celui de l’éducation, des formations ont été rendues accessibles, certaines n’ont apporté aucun résultat tangible, aucune amélioration sensible, n’ont pu combler de criantes lacunes. Qu’en sera-t-il de celle-ci ? Réussira-t-elle là où tant d’autres ont échoué ?
Tout dépend de la teneur de ladite formation. Celles conçues en vase clos, entre des murs de bureaux-tours d’ivoire, occupés par de grands esprits n’ayant aucune idée du travail quotidien qu’affronteront ceux qu’ils veulent instruire, voilà ce qu’il faut éviter. A-t-on idée de ce que cela donnerait si, en même temps que les salaires alléchants, on distribuait des subventions d’un tout autre ordre ? Imaginons une sorte de « Fée des Vieux » déambulant dans les allées des lieux de vie – comme les appelle la ministre Marguerite Blais – avec, sur l’épaule, un sac plein de toutes petites choses, invisibles à l’œil nu, légères, qui envelopperaient de chaleur humaine les soins donnés, du plus simple au plus élaboré. Denrée précieuse que l’on n’obtient guère en pesant sur une touche d’ordinateur.
Ces petites choses font les grandes vocations : psychologie du cœur, gros bon sens, sagesse innée, charisme sans prétention, efficacité, patience, tendresse authentique, capacité de communiquer, de nuancer etc. Le sac pourrait se remplir encore et encore, les belles petites choses n’ont pas de limite pour qui saura allier juste rémunération et dévouement inconditionnel.
Et tout au fond, à la base, des convictions que devront assimiler les futurs préposés :
« Les vieux sont des individus à part entière et le demeurent jusqu’à la fin. »
Garder cela en tête éliminera les subtiles tentatives d’infantilisation, l’utilisation d’un vocabulaire gnangnan pour s’adresser à eux. Ou encore de crier au lieu de dire normalement les choses au prétexte qu’il se trouve sûrement un bon nombre de sourds parmi eux.
Et de un.
« Avant d’arriver tambour battant avec la volonté de faire la différence à tout prix, commencer par accepter la différence . »
Adopter cette attitude épargnera aux vieux la sensation humiliante de se sentir coulés dans un même moule sans distinction de culture ou de vécu. On préservera leur individualité, leur unicité en tant que personne.
Et de deux.
J’en ai un peu marre de chercher comment nommer mes semblables, pas vous ? Tel mot est trop ordinaire, tel autre pas assez respectueux, voire insultant, on en change à tout bout de champ, on hésite, on cherche. Fi de tout cela en ce qui me concerne, à partir de maintenant, j’utilise le vrai mot : les Vieux. Je lui redonne son lustre de noblesse. Je le réhabilite en tant que porteur de sagesse, de savoir, d’expérience.
Ce que je suis fière de faire partie des vieux !
SOPH