À la lumière de ce que j’ai vécu et observé, il semble que, dans un domaine particulier, oui, elles le sont. Du moins on y prend des libertés qui ne tiendraient pas la route ailleurs dans le monde des affaires. Certains gestionnaires livrent à la date prévue au bail des appartements qui ne sont pas prêts. Dans l’un, il n’y a aucune tablette dans les armoires, dans un autre, la salle de bain ne comporte aucun porte-serviettes, pour ne donner que quelques exemples parmi les plus anodins. Un malencontreux événement est-il survenu pendant la construction causant un retard appréciable des travaux ? Ce sont là choses que nous sommes tous capables de comprendre. Mais que l’on ne se donne pas la peine d’en avertir à temps les signataires du bail qui ont, de leur côté, l’obligation de libérer les lieux qu’ils habitent à une date déterminée, c’est créer des situations qu’on ne peut qualifier d’anodines. Ainsi pouvons-nous être confrontés à subir les inconvénients d’un chantier de construction en pleine action, dont les bruits continus sévissent depuis le petit matin jusqu’à la fin de l’après-midi. Cela peut même durer des mois !
« Bientôt, on manquera de résidences ! Peut-être que ce sera le cas lorsque mon tour viendra ! » Ainsi s’exclamait en ma présence un « jeune » de soixante ans. Il a peut-être raison. La vague des gens devenus incapables d’assumer les tâches d’entretien d’une maison, se renouvelle sans cesse, ainsi va la traversée de la vie. Je n’ai rien répondu à mon interlocuteur ce jour-là. Par la suite, je pensai en moi-même que le contraire pourrait aussi survenir. On en aura tellement construites qu’elles ne se rempliront plus aussi aisément, il est possible que plusieurs unités ne trouvent pas preneurs dans un avenir plus ou moins lointain. Un phénomène se développera en parallèle : nos gens âgés, aux prises avec des souffrances aux limites de leur endurance, se prévaudront de plus en plus de l’aide médicale à mourir. Les médecins seront moins hésitants à leur accorder ce recours ultime, entraînés par l’évolution incontournable des mentalités.
Je déconne ? Je joue à la visionnaire ? Possible. Il sera toujours temps de me raviser…
Le point sur lequel je ne me raviserai jamais : faire subir à des vieilles personnes le brouhaha d’un chantier de construction sur une période de plusieurs mois, cela ne se fait pas !
Ainsi ai-je exprimé mon opinion aux premiers jours de mon séjour en résidence.
Je le pense encore.
SOPH